Longer une partie du littoral atlantique à Vélo… cap ou pas cap ? Cap Ferret, Arcachon, Dune du Pyla, c’est parti pour une aventure que l’on vous raconte ici… en roue libre.

 

« J’aimerais faire le tour du monde à vélo comme Sylvain Tesson et Alexandre poussin. Prendre le temps de voyager lentement pour ne rien rater des paysages. Entendre les accents changer de mélodie avant qu’ils ne se transforment doucement en langue étrangère. »

C’est une phrase d’Alexis, ami et nouvel acolyte de Very Green Trip, lors d’une de nos conversations cet été… Quelle idée séduisante, me dis-je ! Quoi de mieux que le vélo pour pratiquer le « Slow Travel » ? Sentir que l’on avance à la seule force de ses jambes, voir les paysages évoluer au cours de la journée et des kilomètres parcourus. Passer de ville en ville, changer de département et même de région, quel spectacle merveilleux ! Je sens que cela commence même à vous donner des envies, non ?

Very Green Trip a rencontré Eric. Il nous reçoit vêtu d’un marcel Lacoste décolleté duquel se détache une chaîne en or orné d’un cartouche égyptien. Accent médocain bien prononcé et pimenté d’un petit cheveu sur la langue; nous avons bel et bien trouvé le célèbre loueur de vélo dont tout le monde parle à Montalivet-les bains.

« On voudrait louer des vélos pour rejoindre le pays basque en longeant la côte. »

A ces mots, le petit homme d’une cinquantaine d’année fit un bond dans le temps, un flash-back si violent qu’il ne réagit pas tout de suite. Puis, tout lui revient en bloc. La Vélodyssée, les pistes coupant à travers champs, les crevaisons sous la pluie, les côtes interminables qui bordent la Dune du Pyla…  Il a tant à nous apprendre. Il nous invite à le suivre, « Entrez donc, nous z’allons discuter. »

Autour d’un verre de Ricard, il tente de nous transmettre une partie de son savoir, nous conseille sur le matériel, nous met en garde contre les très probables problèmes que nous allons sans doute rencontrer. L’inconfort de la selle qui broie les muscles fessiers, l’acide lactique qui sature les quadriceps jusqu’ a la tétanie, le moral qui est chaque instant mit à rude épreuve. Mais nous sommes déterminés et l’esprit quelque peu anisé nous décidons de louer ses VTC ainsi qu’une remorque  pour transporter le matériel.

Very Green Trip a testé pour vous cette ancienne, mais aussi, grandissante façon de voyager… le cyclotourisme ! Pour un souci d’écologie ou de budget, une envie de se remettre au sport, relever un challenge ou tout simplement pour le plaisir de pédaler, vous trouverez 1000 et 1 raisons qui vous poussent à enfourcher votre bicyclette pour aller voir du pays, pour une heure, une semaine, une année… qui sait ?

Tout d’abord, choisir la période et consulter la météo peut s’avérer être primordial pour le bon déroulement du périple. Tout dépend de chacun, mais pédaler sous la pluie comme pédaler sous une chaleur torride, peut vite faire basculer le rêve en cauchemar, si l’on ne s’y est pas préparer un minimum, matériellement et psychologiquement.

Very Green Trip a choisi la facilité : une semaine avec un temps magnifique début septembre, avec des nuits pluvieuses histoire de rafraîchir des journées chaudes et ensoleillées. Il faut l’avouer on a été très chanceux, ça était ce que l’on appelle un « perfect » !

Il y a plusieurs manières d’appréhender un Trip à Vélo et selon si vous êtes débutant ou cycliste averti, une série de question se présente à vous :

Vélo de course, ou VTT ? En solo, en tandem, entre amis ? Pour une ballade d’une journée, une semaine, ou un TDI (Trip à durée Indéterminée) ? Des nuits en chambre d’hôtes, dans un hôtel ou faire du camping sauvage ? Resto ou rechau ???

À vous de vous poser les bonnes questions et de choisir les options qui vous correspondent le mieux. Restez fidèle à ce que vous êtes. Une chose est sûre, il ne faut pas se forcer, suivez votre instinct. Ce trip à vélo, si vous choisissez de le faire, profitez et ne subissez pas, car la seule chose que vous allez vraiment subir c’est le mal au C.. !!!

Pour notre 1ère expérience, nous avons opté pour :

  • Faire un trip à deux (Valérie et Alexis). Deux pots pré trentenaires plus ou moins sportifs et surtout novices en matière de cyclotourisme

  • Deux VTC loués pour une semaine (Velo Tout Chemin, qui est l’intermédiaire entre le vélo de course et le VTT). Tarif 35 € / vélo

  • Un itinéraire choisi en amont avec une ville de départ (Montalivet-les-Bains) et une ville d’arrivée (Bayonne) → 300 kms dont 95 % de piste cyclable.
  • Un timing à respecter : 4 jours
  • Le réchau, la tente et en camping sauvage

  • Un budget économique avec quelques extra pour garder le moral et puis parce que ça fait plaisir de se faire un bon restau ou dormir dans un vrai lit après une journée d’effort

Carnet de bord :

J-1

Il est six heures du matin le soleil se lève à peine, nous faisons le plein de protéines en engloutissant un œuf dur et un plat de petits pois.  Rien ne peut plus nous arrêter ! La remorque prévue pour le transport de bébé est remplie à ras bord de tout le matériel indispensable. Les appareils photos sont chargés pour ne rien rater de l’épopée. Nous avons de l’eau, des fruits secs, une bouteille de gaz  des pâtes, nous avons même la place de prendre un matelas gonflable… Après quelques étirements matinaux le convoi s’engage sur la piste de bitume qui sera notre guide. Les dix premiers kilomètres nous rassurent, ce n’est vraiment pas sorciers rien de plus facile. A ce rythme nous nous baignerons à Biarritz dès demain !

C’est sur la piste cyclable datant de la seconde guerre mondiale reliant Hourtin et Carcan plage que tout se compliqua un peu…

En construisant l’étroite langue bétonnée de cinquante centimètres de large qui permettait aux soldats nazi de circuler d’un blocos à l’autre ; l’ingénieur allemand responsable des travaux n’avait certainement pas prévu que soixante-dix ans plus tard nous emprunterions cette même route avec une remorque à bébé chargée à bloc. Les roues constamment ensablées de notre « baby car » enlisé, nous a fait dégonder la roue arrière à plusieurs reprises. Il nous fallut près de trois heures pour sortir de ce bourbier. Epuisés, les mains noires de cambouis, nous faisons le Bilan : nous n’avons pas fait plus de trente kilomètres, le matériel est presque bousillé, nous sommes sales et crevés, mais… Nous rions beaucoup !

En arrivant à carcan il nous faut trouver une solution ou renoncer. C’est alors que l’ange gardien des voyageurs, le saint patron des imbéciles qui se lancent à l’aventure chargés comme des bœufs, nous fit croiser le chemin de Damien.

Un petit sourire aux lèvres il disparut pour un instant dans l’arrière-boutique de son magasin de surf. Il réapparut quelques minutes plus tard.

« Laissez tomber cette remorque. Tenez, je vous prête mes sacoches de voyage elles s’adapteront parfaitement à vos vélos. J’ai traversé plusieurs pays avec elles. Vous faîtes parti de la confrérie des cyclistes maintenant.»

Allégés de presque vingt kilos, (l’indispensable matelas gonflable ne verra jamais le pays Basque) nous repartons plus déterminés que jamais.

Nous établissons notre premier camp au Porge après une étape de 70 kms. Nous plantons la tente sur une dune déserte avec vue sur la mer. Nous rions des épreuves de la journée sous un ciel étoilé: La plage nous appartient !

J-2

Nous émergeons d’une nuit agitée: nous avons subi un léger glissement de terrain pendant la nuit. Petit dej protéiné, étirement et c’est parti. La forêt se réveille en même temps que nous. Les résineux embaument l’air de leurs senteurs sucrées au goût de bonbon Ricola. Nous engloutissons littéralement les 40 kilomètres qui nous séparent de l’embarcadère du cap ferret ou un ferry nous fera traversé le bassin d’Arcachon pour nous déposer au pied de la dune du Pyla. Petit bout de Sahara perdu à la frontière des Landes.  Nous établissons notre camp à Biscarosse après une étape de 75 Kms où nous faisons la connaissance de Martine et Jean, un couple de retraités globetrotteurs, qui nous racontent leurs récits de voyage autour d’une bouteille de Bordeaux.

J-3

Biscarosse /Contis = 80 km.

Nous passons enfin aux choses sérieuses ! 10 kms de montée de bon matin pour rejoindre le Lac de Sanguinét, 30 kilomètres de détours pour éviter une zone militaire ultra protégée qui s’étend jusqu’à Mimizan et premier constat : le vélo ça fait super mal au cul !

J-4

Contis /Bayonne = 85 km (toujours plus).

La liste (non exhaustive) de ce qu’il faut avoir avec soit :

  • Trousse 1er secours
  • Quelques outils (tournevis, démonte pneu, chambre à air, pompe, WD40, tendeurs…)
  • Une carte de l’itinéraire emprunté
  • Vêtements : 1 poncho ou k-way, short, cycliste, tee shirt et sweat, baskets confortable
  • Nourriture : kit rechau-assiette, pâtes, fruits secs, barres céréales, beaucoup d’eau
  • Papier toilette
  • Un gri-gri à accrocher au guidon pour le côté spirituel 😉

Si vous goûtez ne serait-ce qu’une seule fois à un bon trip à Vélo, vous risquez de vouloir réitérer l’opération rapidement. C’est excellent pour se surpasser, faire travailler son mental dans l’effort, se recentrer sur soit et se laisser bercer par ses pensées en contemplant les paysages. Pensez à vous étirer régulièrement pour réduire les courbatures. Et surtout, profitez pleinement. Bonne route !

Quelques infos en bonus

Un site intéressant avec des idées de parcours : http://www.eurovelo.org/routes/

Et pour les voyageurs les plus téméraires il y a aussi :

  • La Route verte, au Québec,
  • le Munda Biddi Trail, en Australie,
  • Nga Haerenga, en Nouvelle-Zélande,
  • le Great Allengheny Passage, aux USA,
  • la Carretera Austral, Chili.

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